« Le Petit Chaperon rouge » fait partie des Contes de la ma mère l’Oye, un recueil de huit contes de tradition orale écrit par Charles Perrault en 1697. L’œuvre est devenu un tel classique de la littérature enfantine qu’il a fini par occulter tout le reste de la production littéraire de son auteur.

Dans ce conte de deux pages seulement, le petit chaperon est une jeune fille ingénue, vêtue de rouge – la couleur de la passion – qui rencontre et se laisse embobiner par le loup. La morale de Perrault est donc « Mesdemoiselles, faites attention aux hommes, méfiez-vous des belles paroles ». Cette version est plus malheureuse et moralisatrice que celles qui suivront, notamment que celle des frères Grimm.

Charles Perrault crée ici la figure du « grand méchant loup » qui collera à la peau du prédateur pour les siècles à venir. Il faut dire que ce conte est écrit durant la pire décennie en termes d’attaques des loups sur l’homme et sur les enfants. Les prédations de loups étaient à leur paroxysme en France, notamment suite à l’épouvantable famine de 1693-1694, qui charriait des cadavres dans tous les sens.

La lecture sexualisée du conte perdure au travers de ses réadaptations contemporaines, même si des formes de détournement se produisent désormais : dans les séries télévisées Once upon a time ou La Servante écarlate, l’héroïne en cape rouge se rebelle contre le prédateur masculin.