Carrés de couleur

Globi coelestis in tabulas planas redacti descriptio

Contenu

Connu sous le nom de Globi coelestis in tabulas planas redacti descriptio Latino-Gallica, cet atlas se compose de six cartes imprimées sur double page. La beauté de ces cartes et des personnages mythologiques qui les peuplent ne doit pas faire oublier son utilité première : exercer ce qui était l’astronomie de l’époque, c’est-à-dire le repérage précis des astres sur la voûte céleste.

Tout d’abord, les cartes reprennent les positions célestes de plusieurs comètes, comme les observations de Tycho Brahé de la comète de 1585 entre le 18 octobre et le 15 novembre (carte 2, dans la constellation du Bélier – Aries). La trajectoire de la comète de 1672, se trouve aux cartes 2 et 3 (constellation du Taureau-Taurus et du Triangle boréal – Triangulum). On retrouvera également les observations de la comète de Halley lors de ses passages de 1607 (carte 5, dans la constellation du Serpentaire – Ophiuchus) et de 1682 (cartes 1 et 4, constellations de la Vierge – Virgo et de la Chevelure de Bérénice – Coma Berenices).

Ensuite, on retrouve les positions des apparitions de « nouvelles étoiles » ou « novae ». Ces nouveaux astres montraient en effet aux hommes que le ciel n’était pas immuable comme dans la vision aristotélicienne du monde. La nova de 1596 dans la constellation de la Baleine – Cetus (carte 5) correspond à un sursaut de l’étoile variable Mira. Celle de 1600 dans le Cygne – Cygnus (carte 5) correspond également à un sursaut de l’étoile P-Cygni, une étoile hypermassive qui figure parmi les plus puissantes de la Voie Lactée. On trouvera également la fameuse supernova de Tycho de 1572 dans la constellation de Cassiopée (carte 1). Cet évènement correspond en fait à une supernova de type Ia, une explosion d’une naine blanche dans un système binaire, qui, malgré dans ce cas une distance de plus de 10 000 années-lumière (soit 10% environ de la taille de notre galaxie), nous est apparue aussi brillante que la planète Vénus, comme le texte le mentionne. Ces supernovae de type Ia figurent parmi les phénomènes les plus énergétiques de l’Univers, et sont utilisées de nos jours pour mesurer l’accélération de l’expansion cosmologique. Enfin, la supernova de Kepler en 1604 (carte 5, constellation du Serpentaire – Ophiuchus), plus lointaine et moins brillante que celle de Tycho, est la dernière explosion d’étoile de notre galaxie observable à l’œil nu. Depuis lors, aucune supernovae issue de notre galaxie n’est apparue.


André Füzfa (2019)



La première édition de l'atlas du ciel du jésuite Ignace-Gaston Pardies (1636-1673) paraît en 1674, un an après sa mort, grâce à l'intervention de Jean de Fontaney (1643-1710), lui aussi membre de la Compagnie de Jésus et successeur de Pardies à la chaire de mathématiques au Collège Louis-le-Grand à Paris.

Connu sous le nom de Globi coelestis in tabulas planas redacti descriptio Latino-Gallica, cet atlas se compose de six cartes imprimées sur double page (ca 770 x 520 mm) gravées par G. Vallet. La première carte comprend la dédicace adressée par l'auteur à Johann Friedrich (1625-1679), duc de Brunswick-Lunebourg. Les commentaires explicatifs figurent en latin au verso de la feuille de gauche et en français au verso de la feuille de droite.

L'atlas céleste d'Ignace-Gaston Pardies sera édité une seconde fois à Paris, probablement vers 1693. Les gravures de cette deuxième édition sont réalisées par Gaspard Duchange (1662-1757), graveur du roi Louis XIV, éditeur et marchand d'estampes installé rue Saint-Jacques. Un "Avis au lecteur" placé à la fin de la sixième carte précise que l'ouvrage comprend "le chemin des comètes qui ont paru depuis l'an 1674, auquel ces cartes furent imprimées pour la 1ère fois". L'Avis évoque en outre les "observations astronomiques que le Père Goüye a fait imprimer en 1688" – soit une allusion directe aux Observations physiques et mathématiques pour servir à la perfection de l’astronomie et de la géographie rédigées par le jésuite Thomas Goüye (1650-1725) et imprimées avec l'approbation de l'Académie royale des Sciences à Paris en 1688 (réédition de 1736 dans l'ouvrage SJB.0.024B.7 de la Bibliothèque du Centre de Documentation et de Recherche Religieuses, Namur).

La beauté de ces cartes et des personnages mythologiques qui les peuplent ne doit pas faire oublier son utilité première : exercer ce qui constituait l'essentiel de l’astronomie de l’époque, c’est-à-dire le repérage précis des astres sur la voûte céleste. Les commentaires associés aux cartes sont détaillés à cet effet. Il s’agit donc bien de véritables cartes, et non d’estampes, qui répertorient en outre plusieurs évènements astronomiques de première importance historique qui se sont déroulés entre le milieu du XVIe et la fin du XVIIe siècle (date d’édition de l’atlas).

Tout d’abord, les cartes reprennent les positions célestes de plusieurs comètes avec un suivi remarquable, parfois sur base journalière, comme les observations de Tycho Brahé de la comète de 1585 entre le 18 octobre et le 15 novembre (carte 2, dans la constellation du Bélier – Aries). La trajectoire de la comète de 1672, originellement découverte par les Jésuites du collège Henri IV de La Flèche en France, se trouve aux cartes 2 et 3 (constellation du Taureau-Taurus et du Triangle boréal – Triangulum). On retrouvera également les observations de la célèbre comète de Halley lors de ses passages de 1607 (carte 5, dans la constellation du Serpentaire – Ophiuchus)  et de 1682 (cartes 1 et 4, constellations de la Vierge – Virgo et de la Chevelure de Bérénice – Coma Berenices). Cette comète a une importance particulière en histoire des sciences puisque l’astronome Edmund Halley prédira en 1705, grâce à la théorie de la gravitation universelle de Newton, son retour pour 1758, ce qui fut un succès remarquable de cette théorie.

Ensuite, on retrouve également les positions des apparitions de « nouvelles étoiles » ou "novae" dont l’importance historique est également considérable : ces nouveaux astres montraient en effet aux hommes que le ciel n’était pas immuable comme dans la vision aristotélicienne du monde. La nova de 1596 dans la constellation de la Baleine – Cetus (carte 5) correspond en fait à un sursaut de l’étoile variable Mira. Celle de 1600 dans le Cygne – Cygnus (carte 5) correspond également à un sursaut de l’étoile P-Cygni, une étoile hypermassive qui figure parmi les plus puissantes de la Voie Lactée. On trouvera également la fameuse supernova de Tycho de 1572 dans la constellation de Cassiopée (carte 1). Cet évènement correspond en fait à une supernova de type Ia, une explosion d’une naine blanche dans un système binaire, qui, malgré dans ce cas une distance de plus de 10 000 années-lumière (soit 10% environ du diamètre de notre galaxie), nous est apparue aussi brillante que la planète Vénus, comme le texte le mentionne. Les vestiges de la supernova de Tycho furent retrouvés dans le ciel seulement dans les années 1960. Ces supernovae de type Ia figurent parmi les phénomènes les plus énergétiques de l’univers, et sont utilisées de nos jours pour mesurer l’accélération de l’expansion cosmologique. Enfin, la supernova de Kepler en 1604 (carte 5, constellation du Serpentaire – Ophiuchus),  plus lointaine et moins brillante que celle de Tycho, est la dernière explosion d’étoile de notre galaxie observable à l’œil nu. Depuis lors, aucune supernovae issue de notre galaxie n’est apparue.

A titre anecdotique, on retrouvera sur ces cartes des constellations obsolètes comme celle d’Antinous (carte 5) créée par l’empereur Hadrien au IIème siècle de notre ère et dont l’astérisme a été regroupé avec la constellation de l’Aigle, la constellation de l’Abeille – Apis (carte 6) qui est devenue la constellation de la Mouche, et la constellation du « Chêne de Charles II » (carte 6, près de la Croix du Sud, sous le pied du Centaure), créée par Edmund Halley en 1679, mais tombée en désuétude.


Pr. Dr. André Füzfa, astrophysicien
Centre Namurois des Systèmes Complexes (naXys) - Département de Mathématique (Université de Namur)

Céline Van Hoorebeeck
Conservatrice - Bibliothèque Universitaire Moretus Plantin (Université de Namur)
Janvier 2013


Pour en savoir plus

- M. Préaud, P. Casselle, M. Grivel et C. Le Bitouzé, Dictionnaire des éditeurs d'estampes à Paris sous l'Ancien Régime, Paris, 1987, p. 111-113.

- P. Costabel, Ignace-Gaston Pardiès, dans Grundriss der Geschichte der Philosophie. Die Philosophie des 17.Jahrhunderdts, vol. 2/2, Bâle, 1993, p. 685-689.

- M. Lachièze-Rey et J.-P. Luminet, Figures du Ciel. De l'harmonie des sphères à la conquêtes spatiale, Paris, 1998, p. 105, n° 167.

- I. Landry-Deron, Les Mathématiciens envoyés en Chine par Louis XIV en 1685, dans Archive for History of Exact Science, n° 55, 2001, p. 423-463.

lien haut de page