Carrés de couleur

Aristoloche/Aristolochiacées (planche)

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Otto Brunfels est né à Mayence, où il étudiera la philosophie et la théologie, dans la mouvance luthérienne. Il enseigne ensuite à Strasbourg, tout en étudiant la médecine, dont il sera diplômé quatre ans avant sa mort à Berne. Son ouvrage scientifique majeur, Herbarum vivae eicones, paraît en trois volumes, en 1530, 1532 et 1536, et sera réédité par la suite. L’exemplaire de la BUMP, sous une reliure rassemblant les trois volumes, correspond à une version de 1537, augmentée et corrigée. En effet, dans la version originale, l’illustration de l’aristoloche est absente de la rubrique Aristolochia, et y est remplacée par une corydale qui n’a aucun lien cité dans le texte. Sur plus de six cents pages, il y traite des principales plantes médicinales connues à l’époque, avec de nombreuses illustrations attribuées à Hans Weiditz (1495-1537), réalisées ad naturae imitationem.

Beaucoup de livres traitant de botanique médicale ont été écrits avant l’Herbarium vivae eicones, avec une iconographie qui a été, de tout temps, un vecteur essentiel de l’information, notamment dans la transmission du savoir médical, et de la botanique qui lui était associée. Mais jusqu’à la Renaissance, la tradition réservait à l’image une valeur symbolique qui la déviait sensiblement d’une réalité objective, et d’autant plus altérée que les copies étaient manuscrites et largement compilées.

Otto Brunfels change de cap, annonçant l’émergence d’une science descriptive, ce qui fait de lui, avec Leonhardt Fuchs, l’un des fondateurs de la botanique allemande. L’originalité de son ouvrage repose surtout sur l’efficacité de l’illustration, d’une qualité hors du commun grâce à une importante émulation entre le scientifique et l’artiste, en rigueur et en talent, conduisant à la production d’ouvrages de plus en plus réalistes.

Les commentaires botaniques et thérapeutiques de Brunfels, médecin fidèle à la tradition, ne sont pas innovants, mais ils compilent avec beaucoup de sérieux et de sens critique les allégations des auteurs anciens, principalement Dioscoride, mais aussi Avicenne, Galien, Pline ou Théophraste. Les descriptions sont accompagnées de tables et index qui reprennent les parties utiles des plantes et les indications de celles-ci en fonction des diverses pathologies.

Parmi les nombreuses plantes évoquées, l’aristoloche (Aristolochia clematitis L., sub Aristolochia longa) est emblématique de la pharmacopée ancienne. Brunfels y consacre sept pages, rassemblant les données d’une dizaine d’auteurs. Vantée depuis l’Antiquité pour faciliter l’accouchement, ce que rappelle son étymologie (du grec aristos, meilleur, et lockeia, accouchement) cette plante présente des fleurs dont le profil évoquait, selon les Anciens, l’utérus. Il n’en fallait pas plus, selon la Théorie des signatures en vogue depuis l’Antiquité, pour créer un lien de cause à effet entre la forme d’un organe végétal et ses propriétés thérapeutiques supposées, dans une finalité divine. Non seulement il n’en est rien, mais la présence d’acide aristolochique dans ces plantes les rend redoutablement néphrotoxiques.


Philippe Martin

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Aristoloche

Herbarium Oth. Brunfelsii tomis tribus, exacto tandem studio, opera & ingenio, candidatis medicinae simplicis absolutum, quorum contenta, index cuiusque tomorum suo loco explicat

Brunfels, Otto, 1488-1534

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