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Très amusant de parcourir ce livre, pourvu qu’on ait la distance par rapport au propos et à la personnalité somme toute peu sympathique de l’auteur, qui se révèle au fil des pages. Dédicace et introduction de style flagorneur, typique de l’époque, empreint de fausse modestie. L’auteur a eu une carrière étonnante, le conduisant au sommet comme médecin des grands, puis à la disgrâce par cupidité. On peut comprendre cette évolution en lisant son texte, mélange assez bizarre de considérations compétentes, par exemple à propos de l’origine et des différentes variétés botaniques de café et de chocolat, qui reflètent un bon niveau d’informations pour l’époque. Ses connaissances en matière de thé sont plus approximatives, et correspondent à une information très superficielle sur les pays orientaux. L’auteur souffre d’une hypertrophie de l’ego pathétique, s’étendant de manière très arrogante sur l’amplitude de ses connaissances. Il fait preuve d’un sens aigu des affaires qui s’apparente à celui d’un charlatan, allant jusqu’à promouvoir des formules et préparations personnelles de breuvages censés avoir des propriétés exceptionnelles, mais dont il garde jalousement le secret. Il pousse même le trait jusqu’à décrire une nouvelle cafetière extraordinaire, dont il ne donne évidemment pas le plan détaillé. Les trois breuvages sont bons ou contre-indiqués pour une série d’affections réelles ou imaginaires, sans aucun argument logique, ce qui était peut-être le cas de la médecine et de la pharmacie de l’époque. À chaque page, de Blégny se montre bien plus préoccupé de sa promotion que de l’art de guérir. Il ne donne pas une impression d’empathie envers les patients et on n’aurait pas voulu être soigné par lui. En refermant ce livre, le lecteur d’aujourd’hui aura sans doute envie de déguster une tasse de thé, de café ou de chocolat… juste pour le plaisir.
Catherine Lambert de Rouvroit