
Types of floral mechanism : a selection of diagrams and descriptions of common flowers, arranged as an introduction to the systematic study of angiosperms
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Au début du XXe siècle, Arthur Church mêle la science et l’art pour livrer à ses étudiants ses recherches en morphologie florale.
Arthur Harry Church (1865-1937) enseigne la botanique à Oxford pendant trente-cinq ans. Issu d’un milieu modeste, de brillantes études lui permettent de devenir boursier, puis démonstrateur au département de botanique de l’université d’Oxford. En 1894, il est chargé de cours au Jesus College, puis à l’université. En 1908, il est élu research fellow. Reconnu comme un des botanistes les plus originaux de son temps, il publie dans des domaines très divers. En 1921, il devient fellow de la Royal Society.
Comme beaucoup de biologistes de l’époque, il s’intéresse à l’évolution des espèces. Excellent professeur, ses études sur l’évolution des plantes et les illustrations qu’il utilise comme outil pédagogique dans son enseignement, font sa réputation. Il s’occupe activement du Botanical Museum et, surtout, consacre un temps et un soin énormes à la préparation de ses cours et de ses travaux pratiques. Il utilise les spécimens conservés au musée et au jardin botanique, puis réalise lui-même des dessins à l’encre et des aquarelles.
Ses 773 dessins originaux sont conservés aujourd’hui au Natural History Museum de Londres. Tous n’ont malheureusement pas été publiés, puisque l’ouvrage auquel ils sont destinés ne paraîtra jamais en entier. L’ambition de Church est d’illustrer les cent fleurs les plus représentatives par saison de manière à démontrer ses recherches sur la morphologie florale. Ces magnifiques peintures ont été récemment publiées à l’occasion d’une exposition qui les montrait pour la première fois au grand public.
Le livre auquel ces aquarelles sont destinées s’intitule Types of floral mechanism et est publié en 1908. On y joint aux planches imprimées en couleurs d’après ses dessins, des illustrations en noir et blanc, insérées dans le texte, pour mettre en évidence un détail. Parfois, une pleine page en noir et blanc met en valeur des éléments non représentés dans les dessins en couleurs comme des coupes du fruit, des diagrammes floraux.
Church décrit dans ce premier volume douze « types » de fleurs de début de printemps, de janvier à avril. Il agrandit ses dessins de telle manière que les plus petits détails significatifs puissent être vus comme l’ovule dans la fleur. Ainsi le crocus est agrandi deux fois, la violette dix fois. Ses références sont les premiers illustrateurs des herbiers de la Renaissance.
Ses dessins, qui montrent une coupe de fleur pour en dévoiler la structure interne, sont à la fois d’une grande précision, d’une grande finesse et d’un style dépouillé, remarquablement moderne. Certains rapprochent ses représentations de celles de Georgia O’Keeffe dont un des principaux thèmes d’inspiration est la fleur, dont elle révèle la sensualité. La beauté ne se limite pas ici à un aspect purement formel et esthétisant mais s’applique aussi au mécanisme, à la machine qui est montrée.
Malheureusement, sa publication ne remporte pas un succès suffisant. Aussi, Clarendon Press décide de ne pas publier le deuxième volume prévu sur les dix nécessaires pour étudier les 100 fleurs choisies par Church. Le coût de la publication est trop élevé car la reproduction en couleurs reste, au début du XIXe siècle, une prouesse technique qui tente d’atteindre une qualité qui est encore éloignée de l’original. En outre, le texte très scientifique s’adresse à un public restreint et malheureusement les étudiants ne peuvent se l’offrir. Si on sait que le tirage a été fait en 2.000 exemplaires, on ne sait pas combien ont été effectivement mis en circulation.
Anne-Marie Bogaert - Damin