Matérialité du livre
Une première façon de découvrir l’œuvre protéiforme de Plantin est d’observer le format des livres qu’il imprima. La production de l’officina Plantiniana comprend des ouvrages de toutes les tailles, depuis les imposants volumes de la Bible polyglotte jusqu’à un minuscule Kalendarium de 3,5 cm de haut, en passant par les ouvrages en format in-quarto ou in-octavo dont de nombreux exemples sont présentés dans cette exposition.
Comme on peut l’observer ici à partir de l’exemplaire d’un index (Librorum prohibitorum index), chaque livre est constitué de feuilles imprimées qui doivent être pliées. C’est le nombre de pages imprimées sur une feuille et le nombre de plis qui déterminent le format : si la feuille comprend deux pages (par face) et est pliée une fois, il s’agit d’un in-folio, si la feuille comprend quatre pages (par face) et est pliée deux fois, on parlera d’un format in-quarto (cf. l’illustration), et ainsi de suite.
On achetait généralement chez l’imprimeur-libraire le livre non relié, « en blanc » (in albis, car le paquet de feuilles imprimées était placé entre des feuilles blanches destinées à le protéger de la poussière). Le propriétaire apportait ensuite le livre à un relieur de son choix, et indiquait quel genre de reliure il souhaitait (plus ou moins simple ou luxueuse, personnalisée ou non). L’acheteur pouvait aussi confier le soin de la reliure au libraire.
Plantin a souvent sous-traité cette tâche à des relieurs indépendants, même si, à certaines périodes du moins, il y avait aussi un atelier de reliure en activité à l’officina Plantiniana. En 1564, même s’il ne reliait alors plus lui-même, Plantin acheta « 4 marques au compas de cuivre pour mectre sur le cuir avec le dicton Lab. et Const. ». L’une d’entre elles a probablement servi à marquer la reliure de l’édition de Lucain, l’un des onze livres connus présentant une reliure ornée de ce motif. On ne sait pas exactement à quoi étaient destinées les reliures au compas d’or. Elles ne désignent pas les livres personnels de Plantin ; on suppose que ces ouvrages étaient reliés soit pour être vendus, soit pour être exposés dans la boutique de la librairie afin de permettre aux clients de les feuilleter.
Valérie Leyh et Pierre Assenmaker

Illustration tirée de Léon Voet, The Golden Compasses, Amsterdam, 1969-1972, vol. 2, p. 541.