Carrés de couleur

Euripidis Tragoediae XIX, in quibus praeter infinita menda sublata, carminum omnium ratio hactenus ignorata nunc primúm proditur

Contenu

Ce volume doté d’une luxueuse reliure en maroquin rouge carmin à décor doré contient le texte des dix-neuf tragédies conservées d’Euripide établi par l’un des meilleurs hellénistes des Pays-Bas du XVIe siècle, Guillaume Canter. Né à Utrecht en 1542 dans une famille de notables, celui-ci fit montre d’un don précoce pour l’étude des langues classiques. Après s’être formé dès l’âge de douze ans aux universités de Louvain et de Paris, il voyagea en Allemagne et en Italie où il entra en contact avec les plus éminents cercles humanistes. Il s’établit à Louvain en 1567 ou 1568. De santé fragile, il mourut en 1575, à moins de 33 ans.

Durant sa période louvaniste, Canter collabora régulièrement aux éditions de textes anciens publiées par l’officina Plantiniana et œuvra notamment au monumental chantier de la Bible polyglotte. Outre des rééditions augmentées de certains de ses ouvrages, il confia aussi aux presses plantiniennes les nouveaux travaux philologiques qu’il menait à bien, notamment l’édition critique des trois Tragiques grecs. La seule pièce de ce « triptyque » qui parut de son vivant est celle qui est exposée ici : le recueil des tragédies d’Euripide paru en 1571, mais achevé dès 1569 comme l’atteste le privilège (les éditions de Sophocle et d’Eschyle, terminées en 1570, paraîtront à titre posthume).

Les éditions que Canter donne des Tragiques ne se démarquent guère de celles de ses contemporains concernant l’établissement du texte : il propose des corrections, souvent heureuses, sans recourir aux manuscrits. Son apport majeur (qu’il souligne avec fierté sur la page de titre et dans les prolégomènes) consiste à avoir, pour la première fois, identifié les différents types de vers utilisés dans les chœurs des tragédies, ce qui donna au monde savant de l’époque une idée plus exacte du lyrisme du théâtre antique.


Pierre Assenmaker

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