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Ce livre est une édition originale de l’un des herbiers (c’est-à-dire un traité de botanique et un répertoire d’iconographie végétale) les plus importants du début du XIXe siècle. Il est écrit en français et comporte 360 planches en couleurs de fleurs et de fruits réparties au sein de 6 volumes.
La Flore médicale contient la description de plus de 350 plantes officinales et des informations sur leurs vertus et usages médicaux.
Les illustrations ont été gravées au pointillé d’après les dessins de Pierre-Jean-François Turpin et Ernestine Panckoucke, élève de Redouté et femme de l’éditeur de la Flore médicale. L’impression en couleurs est faite selon le procédé « à la poupée » popularisé par Pierre-Joseph Redouté (1759-1840).
François-Pierre Chaumeton est un médecin et botaniste français né le 20 septembre 1775 à Chouzé-sur-Loire et mort à Paris le 10 août 1819.
Son père est un chirurgien peu fortuné. Chaumeton vient à Paris étudier la médecine et se passionne pour l’histoire naturelle. Il devient chirurgien militaire mais ne supportant pas la brutalité de ce métier, il préfère devenir pharmacien au Val-de-Grâce.
Il visite l’Italie et se passionne pour la littérature antique, notamment grecque. Mais un incendie détruit sa bibliothèque et toutes ses notes. Il devient docteur en médecine en 1805 à Strasbourg avec une thèse intitulée Essai d’entomologie médicale. D’abord affecté à l’armée de Hollande, il accompagne ensuite les troupes en Prusse et en Autriche mais, malade, il doit revenir à Paris.
Il y travaille pour le Magasin encyclopédique, la Bibliothèque médicale, le Journal universel des sciences médicales et diverses autres publications.
Il participe à la Flore médicale aux côtés de Jean Louis Marie Poiret (1755-1834). Mais son style et les critiques qu’il profère contre certains de ses confrères lui valent des inimitiés farouches et finissent par avoir raison de sa santé déjà précaire.
François Chaumeton s’applique à faire la description de la plante dans le détail, pour s’attacher ensuite à son utilisation à des fins médicales depuis l’Antiquité.
Le vocabulaire, pour désigner ces maladies, est très amusant parce que désuet mais aussi teinté de mystère et de relents de sorcellerie. En voici quelques exemples qui touchent tant au diagnostic, généralement assez flou, qu’aux substances employées, qui portent souvent des noms réservés aux initiés : l’hystérie, les sueurs colliquatives, l’hypocondrie, la leucophlegmasie, les scrofules, la vertu dépurative, l’action corroborante sur l’économie animale, les apostèmes, les emplâtres diaphorétiques, l’onguent des Apôtres, les apozèmes alexitères, la thériaque d’Andromaque, l’opiat de Salomon et ainsi de suite.
À noter aussi que l’auteur affirme le caractère personnel de ses études en contestant parfois les indications de ses prédécesseurs ou en les jugeant dangereuses parce que n’ayant pas fait la preuve d’une efficacité suffisante. Il traite de charlatans ou de cupides ceux qui reproduisent aveuglément les préceptes anciens, sans vouloir se faire une opinion suffisamment étayée. Ainsi, au sujet du ginseng, on peut lire : « Et sur la cupidité des négocians hollandais, très-flattés d’une erreur qui leur permet de vendre une seule de ces racines jusqu’à cent cinquante florins. De sorte qu’on serait en quelque sorte fondé à considérer le ginseng comme une drogue superflue, s’il n’était plus prudent, d’après les vœux de M. Vaidy, de déterminer avant tout, par des expériences cliniques, ses effets sur l’économie animale ».
Cet herbier apporte une connaissance de base des plantes couramment rencontrées même dans nos régions, tant du point de vue de leur morphologie que de leur usage en médecine. Il fournit aussi quelques recettes de cuisine (voir p. ex. « oignon »), toujours d’actualité ! Par ailleurs, il offre une critique ou une actualisation au début du XIXe siècle de l’usage empirique de plantes qui ont été employées en médecine depuis l’Antiquité.
En le lisant, on prendra conscience de la notion, perdue aujourd’hui en grande partie, que les maladies se déclinaient non pas en termes d’étiologie, puisqu’encore inconnue, mais à partir des symptômes qu’elles occasionnaient. On sourira aussi de l’utilisation d’un vocabulaire digne du Malade imaginaire de Molière, avec des termes alambiqués très savoureux mais aujourd’hui oubliés ou relégués à la brocante.
Finalement, on appréciera l’intelligence du docteur Chaumeton, qui remet en question l’usage aveugle et traditionnel des plantes en médecine et demande, dès le début du XIXe siècle, davantage d’études cliniques et statistiques.
François D’Udekem
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Titre | Libellé alternatif | Classe |
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![]() Flore médicale. Volume 3Chaumeton, François Pierre, 1775-1819 |