Carrés de couleur

Ioannis Bochii urbi Antverpiensi a secretis, Epigrammata funebria. Ad Christophori Plantini Architypographi Regij Manes. Cum nonnullis aliorum eiusdem argumenti Elogiis

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Christophe Plantin mourut le 1er juillet 1589, à 3 heures du matin, « perte irrestaurable si ce n’est par labeur et constance », ainsi que l’écrivit son gendre Jan Moretus. Soucieux d’honorer l’infatigable travailleur qui avait fait de sa cité d’adoption la capitale universelle de l’imprimerie, Jean Bochius, secrétaire de la ville d’Anvers et poète néo-latin à ses heures, fit paraître en 1590 ce recueil collectif d’épigrammes funéraires, qui fut bien sûr imprimé in officina Plantiniana, mais désormais « chez sa veuve et chez Jan Moretus ».

Le volume s’ouvre sur une lettre de dédicace adressée par Jan Moretus aux membres du Conseil de la ville d’Anvers, leur demandant de continuer à favoriser les destinées de l’imprimerie plantinienne. Suit le portrait de Plantin ici exposé, œuvre du célèbre graveur Hendrik Goltzius, accompagné d’un poème de Bochius qui se conclut par ce salut à la mémoire de Plantin : « ô père des Muses, ton zèle a restauré les âges savants. » C’est encore Bochius qui est l’auteur des neuf épigrammes funéraires (« du même nombre que les Muses ») vantant dans un style emphatique et érudit les qualités et réalisations du défunt. L’inévitable référence à la devise Labore et constantia amène ainsi à présenter Plantin comme un Hercule du monde de l’esprit : si les labores (« travaux ») du héros avaient purifié son époque des monstres, l’imprimeur a, lui, « chassé des livres anciens l’immense foule des erreurs ». Parmi les sept autres érudits et poètes qui contribuèrent au volume, signalons la présence du linguiste Cornelis Kiliaan, employé de la première heure de l’officina Plantiniana (et auteur de l’Etymologicum Teutonicae linguae présenté dans l’exposition), ainsi que de Franciscus Raphelengius, gendre de Plantin et directeur de la succursale de Leyde.

Le tombeau poétique érigé par ces doctes amis reconnaissants dut réjouir les mânes de Plantin, qui déclarait (en 1567) n’avoir pu être « poète, écrivain, ni maître » mais vouloir suivre le chemin par où acquérir la « bonne grâce » des hommes de lettres et de science.


Pierre Assenmaker

 

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