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Introduction à l'étude de la médecine expérimentale

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Claude Bernard (1813-1878), élève de François Magendie auquel il a succédé au Collège de France, est un médecin, physiologiste, épistémologue et Académicien français. Il est considéré comme le père de la médecine expérimentale et est l’auteur de nombreux concepts et fondement en physiologie moderne. On lui doit des découvertes fondamentales relatives aux fonctions digestives du pancréas, aux rôles du foie, à la connaissance du système nerveux, de la circulation sanguine ou de la fermentation alcoolique, autant de progrès qu’il engrange grâce à l’expérimentation animale.

Son ouvrage, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, publié en 1865, résume sa pensée : Claude Bernard y développe la démarche expérimentale hypothético-déductive et y défend le recours à la vivisection dans une logique utilitariste. Ainsi écrit-il : « Il faut nécessairement, après avoir disséqué sur le mort, disséquer sur le vif, pour mettre à découvert et voir fonctionner les parties intérieures ou cachées de l’organisme. C’est à ces sortes d’opérations qu’on donne le nom de vivisections, et sans ce mode d’investigation il n’y a pas de physiologie ni de médecine scientifique possibles : pour apprendre comment l’homme et les animaux vivent, il est indispensable d’en voir mourir un grand nombre, parce que les mécanismes de la vie ne peuvent se dévoiler et se prouver que par la connaissance des mécanismes de la mort. » Ou encore : « A-t-on le droit de faire des expériences et des vivisections sur les animaux ? Quant à moi, je pense qu’on a ce droit d’une manière entière et absolue. Il serait bien étrange en effet qu’on reconnut que l’homme a le droit de se servir des animaux pour tous les usages de la vie, pour ses services domestiques, pour son alimentation, et qu’on lui défendit de s’en servir pour s’instruire dans une des sciences les plus utiles à l’humanité. Il n’y a pas à hésiter ; la science de la vie ne peut se constituer que par des expériences et l’on ne peut sauver de la mort des êtres vivant qu’après en avoir sacrifié d’autres. »

L’ouvrage fait grand bruit et inspire même Balzac et son Roman expérimental. Mais les pratiques de Bernard, qui consistent à ouvrir des animaux vivants sans les anesthésier (des chevaux, des chiens, des moutons) suscitent aussi les premières levées de bouclier. Son épouse, qui lui avait par le mariage, apporté le soutien financier nécessaire à la poursuite de ses recherches, est aussi sa principale détractrice. Militante de la cause animale, elle dénonce l’expérimentation et recueille des animaux abandonnés. Ses deux filles feront pareil, dans l’optique de compenser les sacrifices de leur père.


Commentaire rédigé dans le cadre de l'exposition "Quand la médecine rencontre son patrimoine"

Ce livre est un monument de la littérature médicale. Publié pour la première fois en 1865, il a révolutionné les concepts de la physiologie et de la pathologie humaines.

Prenons un exemple célèbre : il était admis à l’époque que le glucose, un métabolite majeur pour l’homme, ne pouvait être synthétisé par celui-ci et provenait uniquement de son alimentation en végétaux. Cela d’ailleurs était lié à un concept plus général à l’époque concernant d’autres molécules biologiques que le glucose.

Claude Bernard démontra magistralement par des expériences sur animaux que ce concept était faux et que le glucose sanguin provenait en partie d’une synthèse de la molécule par le foie. On comprend facilement l’impact qu’une telle découverte a pu avoir sur la compréhension du diabète, une maladie grave et fréquente chez l’homme, qui se traduit en particulier par la présence d’une quantité anormalement élevée de glucose dans le sang.

Il est peut-être intéressant de noter que Claude Bernard, d’origine modeste, dut d’abord travailler comme petit employé dans une pharmacie. Il avait même envisagé une carrière littéraire.

C’est seulement plus tard que, monté à Paris, il entreprit ses études de médecine qui le conduisirent à devenir professeur au Collège de France et membre de l’Académie française. Il décède en 1878.


Robert Wattiaux

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Wattiaux, Robert

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