Carrés de couleur

Description anatomique des parties de la femme, qui servent à la generation ; avec un Traité des monstres, de leur causes, de leur nature, & de leur differences : et une Description anatomique, de la disposition surprenante de quelques parties externes, & internes de deux enfans nés dans la ville de Gand, capitale de Flandres le 28. avril 1703. &c. &c.

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Jan Palfijn est un chirurgien belge renommé du XVIIe siècle. Né à Courtrai en 1650, il a perfectionné plusieurs techniques chirurgicales et a inventé un instrument toujours utilisé de nos jours par les obstétriciens : le forceps. Il est mort à Gand à l’âge de 80 ans.

Dans son traité au titre fleuve, Description anatomique des parties de la femme, qui servent à la generation ; avec un Traité des monstres, de leur causes, de leur nature, & de leur differences : et une Description anatomique, de la disposition surprenante de quelques parties externes, & internes de deux enfans nés dans la ville de Gand, capitale de Flandres le 28. avril 1703. &c. &c., publié en 1708, il nous propose une description anatomique des organes génitaux féminins, ainsi qu’un catalogue de malformations basé sur les gravures publiées par Fortuni Liceti dans son traité latin De monstrorum caussis, natura et differentiis.

Fort heureusement, nos connaissances scientifiques et notre vocabulaire médical ont bien évolué ! Ainsi, réjouissons-nous de ne plus donner le titre de « parties honteuses de la femme » aux organes génitaux externes féminins, et de ne plus nommer « monstres » les êtres humains porteurs de malformations congénitales !

À l’époque, de nombreuses représentations mettaient en scène des hybrides, issus du croisement de deux espèces animales, ou d’un animal et d’un être humain. L’imagination de l’auteur, et de son maître à penser Liceti, était de toute évidence très fertile et influencée par les récits des philosophes de la Grèce antique (Plutarque, Aristote...). Nul ne doute qu’ils pourraient aujourd’hui gagner la Palme d’Or à Cannes, dans la catégorie science-fiction !

D’autres gravures détaillaient des jumeaux parasites, ou des jumeaux siamois, dont on sait maintenant qu’ils sont la conséquence d’une séparation incomplète du disque embryonnaire, entre le 13e et le 15e jour de gestation, dans les grossesses monochoriales monoamniotiques.

Enfin, certaines planches illustraient des syndromes malformatifs humains. À l’époque, la cause suspectée était « une faute de matière », « une faiblesse ou une imbécillité de l’agent », ou encore « une matrice trop resserrée que pour pouvoir contenir toutes les parties dans le temps de la conception ». Il est inutile de rappeler que les termes « chromosomes » et « gènes » n’avaient pas encore vu le jour ! Aujourd’hui, on sait que la majorité de ces syndromes ont une origine génétique. Ainsi par exemple, serions-nous tentés de poser le diagnostic de « SHFLD syndrome » (Split-Hand/Foot malformation with Long bone Deficiency) chez le sujet atteint de malformations des quatre membres illustré à la page 72 du chapitre consacré aux monstres.

En fin de compte, ce livre soulève une question fondamentale : que penseront les scientifiques de nos publications dans 300 ans ?


Isabelle Maystadt

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