Carrés de couleur

Pandora : fragment d'un manuscrit autographe

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De tous les récits de Gérard de Nerval (1808-1855), la nouvelle Pandora est sans doute l’un de ceux qui pose les questions les plus difficiles, en raison notamment des aléas qui affectèrent la publication de l’œuvre et laissèrent croire, jusqu’en 1968, que celle-ci était restée inachevée.

Dans Pandora, Nerval revient sur un séjour qu’il avait effectué en Autriche au cours de l’hiver 1839-1840 et qui avait inspiré, en 1841, une relation sous forme de journal, Les Amours de Vienne, où l’auteur se met en scène et raconte les aventures qui ont émaillé son séjour. Au cours des derniers mois de son existence, Nerval a voulu, avec Pandora, donner une suite aux Amours de Vienne, laquelle suite devait paraître à l’automne de 1854 dans Le Mousquetaire, journal créé et dirigé par Alexandre Dumas. Le début de la nouvelle parut, effectivement, dans Le Mousquetaire du 31 octobre 1854, mais les lecteurs du journal attendirent en vain la fin, qui ne fut pas publiée. Nerval mourut en janvier 1855 et aucun de ses héritiers littéraires ne fut en mesure de fournir le texte complet de la nouvelle. Il fallut attendre l’année 1968 pour que le Père Jean Guillaume (1918-2001), alors professeur aux Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix, résolve l’énigme, découvre la fin du récit (qui avait bien été composée par l’auteur) et publie une Pandora enfin achevée.

Pour sa reconstitution, le Père Guillaume s’était notamment appuyé sur l’étude de dix-neuf fragments manuscrits autographes de Nerval, correspondant à la nouvelle et appartenant à l’époque à deux collectionneurs différents. Aujourd’hui, la recherche doit également compter avec d’autres manuscrits réapparus depuis 1968. Ainsi, en 1976, deux folios autographes de Pandora, jusque là inconnus, figurèrent à la Vente Marsan (Paris) : ce sont ceux qu’on trouvera ici numérisés. Plus récemment, en 2004, Jacques Clémens découvrit à Bordeaux les manuscrits ayant servi à l’impression du début de Pandora dans Le Mousquetaire.

Les deux folios autographes « Marsan » (28 et 26 lignes ; 194 x 147 mm) correspondent à des passages de la deuxième partie du texte, restée inédite du vivant de l’auteur. Ce document se présente comme le cahier d’un in-folio écrit de la main de Nerval, – in-folio dont seuls sont utilisés les rectos. Rédigé, dans sa presque totalité, à l’encre noire, il comporte quelques surcharges et une biffure, mais est globalement beaucoup moins raturé que la moyenne des manuscrits de Pandora. Les mentions (au crayon) « 2 », « 3 » et « Fin » ne semblent pas provenir de l’auteur.


Michel Brix
Maître de recherches au Centre de Recherches Nerval de l'Université de Namur
Juillet 2012


Pour en savoir plus

- Gérard de Nerval, Pandora, éd. critique de J. Guillaume, lettre-préface de C. Pichois, Namur - Gembloux, 1968 (nouveau tirage, 1976).

- J. Guillaume, Pandora rediviva, dans Les Études classiques, t. XLV/2, 1977, p. 161-164.

- J. Guillaume, Aux origines de « Pandora » et d’« Aurélia », Namur (coll. « Etudes nervaliennes et romantiques »), 1982.

- M. Brix et J. Clémens, Genèse de « Pandora ». Le manuscrit de l’édition de 1854, Namur (coll. « Etudes nervaliennes et romantiques »), 2005.

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