Carrés de couleur

Lucrèce, de la nature des choses. Volume 1

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Hector Lebrun a lu Lucrèce qu’il cite dans ses Philosophies transformistes comme un des premiers penseurs de l’Antiquité à avoir décrit le monde.

Poète latin du Ier siècle avant notre ère, Lucrèce est en effet l’auteur d’un texte passionné qui explique « la nature des choses » selon les principes d’Épicure. Son De rerum natura, publié à l’origine par Cicéron, est un poème didactique en six livres qui rapporte la doctrine épicurienne, alors ancienne d’environ deux siècles et elle-même inspirée par Démocrite. Cette théorie de l’atomisme développe le concept de « clinamen » ou « déclinaison », une déviation minimale et spontanée des atomes qui est, dans cette physique matérialiste, l’origine de la formation d’un monde fini dans l’univers infini et la garantie de la liberté de l’homme, dégagé de tout déterminisme. Ce mouvement constant des particules est aussi responsable de l'évolution des êtres vivants : on comprend que Lucrèce soit présent dans l’histoire des idées esquissée par Hector Lebrun.

L’ouvrage précieux conservé à la BUMP est une traduction en vers d’Antoine Leblanc de Guillet, un homme de lettres de la fin du XVIIIe siècle qui s’est réfugié dans la traduction après plusieurs fiascos dans la tragédie. Sa préface en témoigne : il cherche à prévenir la censure tant il sait le système philosophique d’Épicure, rapporté par Lucrèce, incompatible avec le christianisme dominant, et tant il connait la pression du clergé, qui a déjà interdit l’impression de certains de ses textes et la représentation de ses pièces jugées peu orthodoxes. Ici, en 1788, Leblanc de Guillet assure qu’il condamne le sujet tout en admirant les qualités poétiques de l’auteur. Toutefois, le simple fait de traduire Lucrèce, auteur de vers aux résonances anticléricales, est une façon discrète, pour un libre penseur du XVIIIe siècle, de s’en prendre aux dogmes religieux. Pour certains modernes, Lucrèce est en effet « le saint Patron » du matérialisme et quelques passages de sa poésie didactique sont devenus des citations classiques pour dénoncer le fanatisme religieux.

À cette époque en tout cas, on ne lit plus Lucrèce comme une autorité scientifique mais comme une œuvre littéraire, un morceau d’art qui a la philosophie épicurienne comme objet ; c’est aussi ce que fait Hector Lebrun.

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Lucrèce

Pierre Assenmaker au sujet d'une traduction française du "De rerum natura" de Lucrèce

Assenmaker, Pierre

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