
Hieremiae Thriveri Brachelii novi et integri commentarii in omnes Galeni libros de Temperamentis - epitome
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Né à Pergame (Asie Mineure) au IIe s. de notre ère, Galien (Γαληνóς) peut être tenu, au même titre qu’Hippocrate, comme l’un des fondateurs des grands principes de la médecine moderne. Il officia notamment à Rome où il fut appelé à la cour des empereurs Marc-Aurèle et Commode.
Ses œuvres écrites s’apparentent à une véritable encyclopédie qui comportait non seulement des traités médicaux – pas moins de 150 titres ! –, mais aussi de rhétorique, de philologie et de philosophie. Une bonne partie d’entre eux disparurent malheureusement dans un incendie survenu à Rome en 192.
Galien ayant fréquenté les plus grands centres d’études médicales (Pergame, Smyrne, Corinthe et Alexandrie), ses traités de médecine offrent un très bon aperçu des principaux courants doctrinaux de son époque. Mais Galien est loin d’être un simple compilateur : à partir des éléments puisés à ces doctrines et de ses propres recherches, il est parvenu à proposer un système explicatif global et foncièrement original, incluant toutes les parties d’un art médical qu’il s’est efforcé d’élever au rang de véritable science.
La méthode de Galien est fondée sur l’observation anatomique (on lui doit ainsi des descriptions extrêmement détaillées des os, des muscles et des nerfs). Mettant au premier plan l’expérimentation dans ses recherches, il procéda à des vivisections sur les animaux, dont certaines – sur le fonctionnement des artères notamment – furent très célèbres.
L’œuvre de Galien commentée dans l’ouvrage présenté ici, le De Temperamentis, relève de la physiologie et représente certainement la partie la moins innovante de ses travaux. Elle n’en est pas moins intéressante, dans le sens où elle illustre parfaitement le poids de la philosophie – Galien avait initialement suivi une formation philosophique –, plus particulièrement de la pensée aristotélicienne, dans le raisonnement du savant lorsqu’il devait intégrer ses observations et ses expérimentations dans un système explicatif global.
Sa théorie des tempéraments se rattache fondamentalement à celle des humeurs. En effet, dès le Ve s. avant notre ère la théorie des quatre éléments que sont l’air, la terre, l’eau et le feu, fut appliquée au corps humain. Ces éléments sont caractérisés chacun par une qualité première (respectivement le froid, le sec, l’humide et le chaud) et produisent les quatre principales humeurs de l’organisme : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire (ou atrabile). Ces quatre éléments se retrouvent à quantités égales dans le sang ; dans les autres humeurs en revanche, un élément prédomine : l’eau dans le phlegme, le feu dans la bile jaune, la terre dans la bile noire. Selon que l’une des quatre humeurs est prépondérante chez un individu, la théorie des tempéraments (déjà ébauchée, en réalité, dans le traité hippocratique intitulé Sur la nature de l’homme) la range dans un des quatre groupes physiologiques : sanguin, phlegmatique, colérique et mélancolique. Aujourd’hui encore, le vocabulaire courant a conservé ces termes pour désigner le « tempérament » des individus.
Après la chute de l’Empire romain, l’œuvre de Galien transita d’abord par Byzance et le monde arabe, avant de réapparaître en Europe occidentale au XIe s. En raison de l’universalité de son œuvre, les théories de Galien domineront ensuite la médecine occidentale jusqu’au XVIIIe s., comme l’illustrent d’ailleurs les commentaires que consacra à ses traités Jérémie Trivère (Triverius), professeur de médecine à l’université de Louvain au XVIe s., à qui l’on doit l’ouvrage présenté ici.
Christophe Flament