
Miroir de la bonne mort, tiré de la Passion et de la mort de Notre Sauveur dans lequel le malade qui ne peut lire verra representé par images tout ce qu'il doit faire durant le cours de sa maladie afin de bien mourir ...
Contenu
Au XVIIe siècle, l’« art de bien mourir », l’ars moriendi, consistait non à mourir inopinément, sans souffrance, mais à prendre le temps de s’y préparer. Il s’agissait de réussir ce passage difficile, le diable étant aux aguets pour tenter le mourant ! A partir des années 1640, on voua un culte particulier à saint Joseph, patron de la bonne mort : ne s’en était-il pas allé, entouré, de la vierge Marie et de Jésus ?
Le miroir de la bonne mort, lit-on dans l’introduction, « montre au Malade ce qu’il doit faire afin de mourir heureusement ». Il est dédié au « Fils de Dieu, Premier-né d’entre les morts ». C’est lui le « miroir très parfait de la bonne mort » que nous montre le Père. Et l’auteur de citer Jésus lors du lavement des pieds : « C’est un exemple que je vous ai donné » (Jn 13, 15).
Le père David de la Vigne, né en Hainaut ou en Flandre française, avait déjà commis un livre sur ce sujet, mais il voulut le résumer et le mettre en images pour ceux qui, à l’approche de la mort, ne peuvent plus lire, sinon difficilement. Saint Grégoire, qu’il cite, ne disait-il pas que les images enseignent mieux que ne le font les livres ? La culture de la BD s’annonçait déjà !
Dans ces pages, dont la traduction de l’espagnol fut autorisée en Belgique en 1673, le religieux franciscain y suit pas à pas la Passion de Jésus, du Jeudi saint jusqu’au moment où, sur la croix, il remet son esprit dans les mains de son Père. Il accompagne ainsi le mourant au long des trois « termes » de la maladie : « son commencement, sa croissance et sa fin par la Mort ».
Trente-neuf « images » baroques de Romeyn de Hooghe (Pays-Bas, 1645-1708) représentent chacune la chambre du malade et le malade lui-même, au lit, entouré des siens et de visiteurs. Un ange indique du doigt un tableau accroché au mur, illustrant une étape de la Passion du Christ. Au-dessous de la page, on peut lire : « Regarde et fais suivant cet Exemplair ».
Les éléments de chaque scène évangélique sont autant de conseils pour réussir le grand passage. Ainsi, le lavement des pieds évoque la nécessité de « nettoyer son âme par la Pénitence », c’est-à-dire la confession générale des péchés. Le partage du pain par Jésus invite à recevoir la communion en « viatique » pour le dernier voyage, et le mont des Oliviers permet de parler de l’« Extrême-Onction » avec l’huile du sacrement des malades. La Vierge Marie, au pied de la croix, invite le malade à s’adresser à elle « afin quelle lui procure une bonne mort ».
Que les temps ont changé !
Charles Delhez, s.j.