Carrés de couleur

Les commentaires de M. P. André Matthiole, medecin siennois, sur les six livres de la matiere medecinale de Pedacius Dioscoride, Anazarbéen / Traduits de Latin en François par M. Antoine du Pinet : Et enrichis de nouveau d'un nombre considerable de Figures ; Et augmentez tant de plusieurs remedes à diverses sortes de maladies : Comme aussi d'un Traité de Chymie en abregé, pour l'Analyse, tant des Vegetaux que de quelques Animaux & Mineraux, par un docteur en medecine

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L’œuvre de Dioscoride est commentée par un nouvel auteur : Pietro Andrea Mattioli (1500-1577), médecin siennois. Comme il le fait justement remarquer, les six livres de la matière médicinale de Pedacius Dioscoride s’adressent sans conteste aux « curieux de la médecine ».

Ce livre détaille et actualise la liste des maladies connues. Pour y remédier, il entraîne le lecteur dans la découverte des vertus des produits de la nature au sens large, des plantes médicinales aux extraits d’origine animale ou minérale. Ainsi, à titre d’exemple, on retrouve, dans le chapitre consacré aux membres génitaux et « parties honteuses », le safran pris en breuvage comme remède pour exciter le jeu de l’amour, ou la fleur de sel pulvérisée et saupoudrée pour le traitement des ulcères des parties honteuses. Contre les inflammations du foie sont proposés l’usage du camphre enduit ou le lait de melon pris en breuvage. Contre la « dureté de la rate », le chou mangé en vinaigre ou une décoction de germandrée semblaient adaptés.

Mattioli précise avoir corrigé de nombreuses erreurs et comblé des manques tant dans le texte que dans les tables. Il ajoute un grand nombre de plantes dont il décrit les propriétés médicinales. Il restera célèbre pour ces apports qui feront encore longtemps de ce traité le meilleur ouvrage de pharmacologie.

Une illustration réaliste basée sur le retour vers l’observation de la nature et non sur la copie de celle des auteurs précédents épaule le texte. Ces gravures sur bois sont souvent réutilisées d’une édition à l’autre. C’est le cas ici.

L’édition en français de 1680 est bien la dernière. Près de 120 ans la séparent de la première en 1561. De la toute première édition publiée en italien à Venise, en 1544, jusqu’à celle-ci, 18 éditions se succèdent, et connaissent un grand succès : 32 000 copies des premières éditions auraient été vendues ! En latin comme en d’autres langues, une soixantaine de versions sont connues.

On ne peut s’empêcher de citer un passage de l’auteur qui nous confie ceci : « Le grand Maître de l’Univers qui n’a rien jetté à l’avanture, qui a tout fait pour de bonnes fins, & qui a enfermé dans la plus petite des graines, le pouvoir de s’élever en de hautes branches, a donné à chaque espece, des qualitez differentes pour reparer les fâcheuses breches que le peché a faites à nôtre chair ».


Jean-Michel Dogné et Anne-Marie Bogaert-Damin

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