Carrés de couleur

Twe-spraack vande Nederduitsche letterkunst ofte Uant spellen ende eyghenscap des Nederduitschen taals

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« Bon jours, neef. » « Ghoeden dagh, cozyn. » C’est avec cette salutation cordiale que le Twe-spraack vande Nederduitsche Letterkunst entre dans le vif du sujet : qu’est-ce que du néerlandais correct ? Le premier locuteur s’exprime en semi-français. Le second traduit ce baragouin par dérision. « Parle ta langue maternelle ! » est son message. Le Twe-spraack est un dialogue didactique, suivant le format d’une disputatio humaniste, sur la grammaire (« letterkunst ») du bas-allemand, cette langue qui n’allait s’appeler « néerlandais » qu’à partir du XIXe siècle. Il paraît anonymement en 1584 chez « Christoffel Plantyn » à Leyde.

Un solide livre avec ses tableaux, glossaires et passages en italique, sans illustrations à part les initiales décorées. Enfin une description analytique du néerlandais, semblable aux traités sur l’italien, l’espagnol et le français des décennies précédentes ! L’auteur probable du Twe-spraack est le poète-philosophe Hendrik Spiegel ; l’ouvrage est préfacé par Dirck Coornhert, un grand humaniste éthique. Ces savants auteurs venaient de l’Églantier, la principale chambre de rhétorique d’Amsterdam ayant pour devise « In Liefde Bloeyende ».

Les dialogues sont menés par Roemer, personnage fictif qui parle sans réfléchir, et Gedeon le puriste. Le Twe-spraack passe pour la première grammaire du néerlandais – mais est-ce bien une vraie grammaire ? Que rien ne soit dit sur l’ordre des mots en néerlandais (un chapitre qui fait transpirer beaucoup d’apprenants de cette langue…) montre combien les auteurs s’inspirent de la grammaire du latin, où ce sont les cas et non l’ordre des mots qui déterminent le sens de la phrase. Ce livre prétend cependant « distinguer la vérité du mensonge » parce que « dans toutes les disputes, cela est hautement nécessaire et utile ».


Elisabeth Leijnse

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