
Recueil de lettres de S. M. le roi de Prusse, pour servir à l'histoire de la guerre derniere. On y a joint une relation de la bataille de Rosbach, & plusieurs autres pièces qui n'ont jamais paru
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Durant la guerre de Sept Ans (1756-1763), le roi de Prusse Frédéric II remporte plusieurs succès contre des adversaires pourtant supérieurs en nombre. C’est le cas à Rossbach en Saxe, le 5 novembre 1757. Avec 22.000 hommes, il met en déroute les 36.000 Français du prince de Soubise, épaulés par 11.000 Autrichiens et Allemands du Saint-Empire.
Ses adversaires cherchent à comprendre et font imprimer ses lettres, susceptibles d’expliquer le secret de ses victoires. Certaines proviennent de papiers de généraux prussiens capturés. Le 23 décembre 1758, le roi s’adresse à l’un de ceux-ci, le baron de la Motte Fouqué, d’origine française. Il se dit impressionné par la puissante artillerie des Autrichiens mais leurs nombreuses armées ne se coordonnent pas assez et ils n’entendent pas bien les « grandes parties de la guerre ».
Dans les batailles, il faudra toujours attaquer par une aile (2e partie, pp. 3-38). Cet « ordre oblique », inspiré des victoires remportées par le général thébain Épaminondas dans l’Antiquité, est considéré par beaucoup comme la botte secrète de Frédéric. Il s’agit d’attaquer en déployant rapidement une de ses ailes contre une aile ennemie que l’on veut accabler, d’y réaliser une supériorité numérique locale avant que l’adversaire puisse envoyer des renforts.
Un général autrichien anonyme avertit toutefois que « cette manœuvre ne peut être exécutée que par des troupes exercées et disciplinées : il faut d’ailleurs une grande justesse dans le coup d’œil des généraux qui sont à la tête des colonnes, et beaucoup de précision dans l’exécution de la part des officiers qui mènent les divisions » (p. 71, n. 1). Les spécialistes des écrits du prince Charles-Joseph de Ligne ne lui attribuent pas les notes de ce recueil de lettres de Frédéric II. Rien ne le prouve en effet. Il a cependant servi dans cette guerre, a commenté les opérations du roi qu’il admirait beaucoup et est général autrichien depuis 1764. Le mystère est un des charmes des publications du XVIIIe siècle…
Bruno Colson