À visée nettement plus pragmatique que les Pensées sur l’éducation du même auteur, ce court traité fait partie d’une longue série d’ouvrages – fondamentaux pour l’élaboration progressive d’une pensée didactique moderne – qui cherchent, du XVI^e au XVIII^e siècle, à identifier la manière la plus adéquate d’éduquer les enfants. Michel de Montaigne ouvre le bal avec son chapitre des Essais intitulé « De l’institution des enfants » en 1588, et l’Emile de Jean-Jacques Rousseau (1762) est par beaucoup considéré comme l’apothéose du genre. Ces traités sont souvent écrits sur la base de l’expérience de précepteur de leur auteur. C’est le cas de John Locke qui, à trente-cinq ans, quitte l’université d’Oxford, dubitatif quant à la réelle utilité des enseignements de rhétorique et de logique ainsi que des disputes scolastiques. Il occupe alors un poste de précepteur dans la maison du comte de Shaftesbury à Londres puis dans plusieurs familles de la grande noblesse européenne qui s’arrachent ses services, tant sa réputation était considérable.

Marc Romainville